Triste travelling

Publié le par CUGNY FABRICE

En rentrant de la plage, la voiture parcourt les rues de Tsoundzou 1. Je roule au ralenti car il y a souvent des enfants qui courent dans tous les sens ou surgissent brusquement de nulle part. Ils sont la vie des rues, avec leurs rires, leurs éclats de voix, leurs cris ou interpellation vers le M’zoungou qui passe avec sa voiture. Dans le même décor se profile aussi les poubelles renversées, sacs éventrés par les chats et les chiens, les caniveaux qui regorgent de déchets et en rejettent même sur la chaussée. Une poule se place en plein milieu de la route alors que deux trois chèvres ne savent pas si elles vont traverser ou non. A côté du square, un tas d’immondices et de sacs poubelles forment une pyramide sur laquelle j’aperçois un enfant qui se penche avec une vieille boite de conserve toute rouillée à la main. La voiture contourne le monticule en changeant de rue, image fugitive de cet enfant qui ramassait dans la poubelle un peu de riz mélangé aux autres détritus. Ce sont les fêtes, on pense au bon repas que l’on va faire, à tous les mets délicats qui jaillissent lors des fêtes. Et puis cette image très courte de cet enfant vous frappe au visage comme une claque, un coup de fouet qui vous rappelle que vous n’êtes pas n’importe où et que le bonheur que vous ne savez même plus goûter, d’autres n’y ont pas droit ou ne le connaîtront peut être jamais. Aussi en ces périodes de vœux, on se dit que ces instantanés de vie finiront par disparaître avec le temps et le développement, mais que les différences elles risquent de durer bien trop longtemps. En même temps on s’interroge pour savoir si cet enfant se sent malheureux ou si cela fait partie tellement de sa vie quotidienne et que ce surplus de riz jeté était pour lui un cadeau tout aussi beau que le plat qui nous attend sur la table. La vie est souvent bien étrange et surprenante.

 

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